Le silicone est-il bon ou mauvais pour les cheveux ?

11,Nov,2022 | Soin des cheveux | 0 commentaires

Précisons d’emblée que cet article ne vise pas à faire l’apologie des silicones ou des quats, mais à donner un avis objectif, car beaucoup de fausses informations (alarmantes) circulent à leur sujet.

En effet, sur tous les sites dédié aux soins naturels, j’avais toujours entendu le même discours : les silicones seraient nocifs pour nos cheveux. Longtemps, mon point de vue était donc très arrêté sur le sujet. Certains sites affirment même qu’ils présenteraient un « danger » !

Il y a deux ans, dans une une publication Instagram, la blogueuse Canadian Mane, annoncait la réintroduction des silicones dans sa routine capillaire. Quelle ne fut donc pas ma surprise de constater aujourd’hui la beauté (et la longueur) de sa chevelure ! Malgré l’utilisation de cet ingrédient !

Les silicones sont-ils bon ou mauvais pour les cheveux ? Dans quels cas les utiliser ? Comment agissent-ils ?

J’ai donc remis en question plusieurs affirmations, et je partage ici mon compte-rendu ainsi que mes résultats capillaires (pousse).

Comment fonctionnent les silicones ?

Pour bien comprendre l’action des silicones et les raisons de leur présence dans certains cosmétiques, regardons plus en détail à quels besoins leurs propriétés sont censées répondre…

Pourquoi les silicones ont-ils été incorporés ?

A l’origine, les silicones ont été introduits dans les après-shampooings, les shampoings et les masques capillaires destinés aux cheveux ayant subit une coloration d’oxydation (soit décolorés avec un certain volume d’eau oxygénée puis recolorés avec ou sans ammoniaque).

Regardons de plus près… Sur ces images au microscope (source ici), nous voyons l’état de trois cheveux différents :

cheveux décolorés avec silicone

Le cheveu vierse est naturellement lisse tandis que celui qui est décoloré semble « hérissé » : telle est l’origine des « frisottis ».

Avec le silicone, le cheveu reste toujours abîmé, mais sa surface paraît… plus lisse. Cependant, il ne peut donc pas réparer les fibres détruites. Il agit plutôt comme une sorte de « gaine plastifiée protectrice ». Il vise à rendre au cheveu chimiquement « brûlé » une texture plus proche de celle du cheveu vierge (en bonne santé).

En conséquence, les silicones sont formulés pour donner la sensation que les cheveux décolorés sont en meilleure santé (ou moins abîmés), comme le montre cette étude, et ce en fonction de plusieurs critères : douceur, élasticité, brillance, démêlage, etc.

Ils réduisent les noeuds et donc la casse

Cette sensation n’est pas qu’une question d’apparence ou d’appréciation. Elle comporte aussi une utilité.

Lorsqu’ils enrobent votre fibre capillaire, les silicones jouent deux rôles principaux :

  • Émollients : ils donnent un aspect « vernis » aux cheveux. Ils adoucissent leur texture, les rendent lisses et brillants. Ils s’emmêlent moins, et accrochent moins. De fait, ils se cassent moins lorsque vous les peignez.
hydratation des cheveux et silicones
Source : Etude de S. Marchioretto, S. V. Doorn, 2008
  • Occlusifs: en enveloppant le cheveu, ils retiennent l’hydratation. Comme ils ne sont pas solubles dans l’eau, ils forment une sorte de barrière protectrice contre l’humidité, empêchant (sur le moment) votre crinière de gonfler ou de frisotter.

Une « patine » légère pour cheveux colorés et décolorés

Enfin, n’oublions pas que l’ajout de cet ingrédient s’adresse aux cheveux décolorés et colorés. D’après la même étude, certains silicones possèderaient des propriétés pour prolonger la durée de vie de la coloration. Et pas seulement…

cheveux colorés et silicones
(traduction des titres de colones : assombrissement, anti-jaune et rougissement)

Comme le montre cette classification, certains silicones conviendraient mieux aux cheveux foncés (en ce qu’ils auraient une très légère action brunissante). D’autres seraient utiles pour déjaunir les cheveux blonds. Enfin, d’autres sont plus adaptés aux reflets roux.

Enfin, voici un graphique montrant l’efficacité de certaines molécules pour neutraliser le jaune du blond :

déjaunir les cheveux avec silicones

Gardez en mémoire que si vous avez décoloré (brûlé) vos cheveux, rien ne pourra les régénérer ou les réparer. Le mal est fait. Aussi, pour conserver une certaine longueur et un aspect brillant, il devient utile de leur apporter cette couche de « vernis ».

Voici la fonction des silicones. Leur véritable objectif est de rendre les cheveux abîmés, décolorés, brulés, quasiment semblables (en terme de force et d’apparence) aux cheveux vierges et en bonne santé ! C’est pourquoi, sur ces derniers, les effets restent très moindres…

Les silicones « étouffent-ils » les cheveux ?

L’un des premiers arguments contre les silicones, que l’on peut lire sur de très nombreux blogs, est qu’ils étoufferaient le cheveu.

Cela n’est pas tout à fait exact, dans la mesure où le cheveu ne respire pas. Il n’est « vivant » qu’au niveau du follicule pileux, cette petite poche logée dans l’épiderme de votre crâne, au sein de laquelle se trouve la racine. Nos longueurs en sont la « tige ».

schéma follicule pileux cheveux
Source : Rose Saint Claire

Tous les soins que nous leur octroyons servent à conserver cette « tige » en bon état, le plus longtemps possible, car exposée à l’air, au soleil, aux frottements, à des « mauvais traitements » (brossage, produits chimiques, etc.), elle s’use… et en conséquence, elle se détériore plus ou moins vite.

Les silicones s’accumulent-ils dans les cheveux ?

On reconnait généralement la présence de silicones dans la composition d’un produit, à cause de leurs suffixes en -« cone« . Mais pas seulement. Il s’agit d’une très grande famille de molécules. Pour simplifier, nous pouvons les classer deux deux catégories.

1 ) Les silicones non solubles dans l’eau, qui s’éliminent avec un shampoing contenant des sulfates :

  • Dimethicone
  • Cetyl dimethicone
  • Cetearyl methicone
  • Dimethiconol
  • Stearyl dimethicone
  • Cyclomethicone
  • Amodimethicone
  • Trimethylsilylamodimethicone
  • Cyclopentasiloxane

2 ) Les silicones solubles dans l’eau : ils s’éliminent partiellement grâce à l’eau ou avec des tensions actifs-doux tels que la cocobetaine.

  • Stearoxy dimethicone
  • Dimethicone copolyol
  • Dimethicone PEG-8 phosphate
  • PEG-7 amodimethicone

Forcément, leur concentration dépend du type de produit et de la quantité utilisée. Elle est plus forte dans les masques, que vous laissez poser une demi-heure et dont vous attendez des résultats visibles, que les shampoings qui se rincent au bout de quelques secondes. Ne parlons même pas des sérums « anti-frizz » utilisés avant le fer à lisser, qui ressemblent à du plastique sous forme liquide…

Lorsque vous utilisez un shampoing ou tout autre produit contenant des silicones, ceux-ci s’accumulent à la surface de vos cheveux. Dans quelle limite ? D’après une étude menée en 1994 par Rushton, après cinq applications, la quantité de produit déposée sur votre fibre capillaire n’augmente plus.

De plus, lors de chaque lavage, une partie s’élimine grâce aux sulfates et/ou l’eau. D’autres études ont montré qu’une partie des molécules se dispersait au contact de l’air, des mains, des frottements… Il existe également des ingrédients pour assainir naturellement la fibre capillaire comme l’argile, par exemple, ou les shampoings clarifiants.

Les silicones empêchent-ils la pénétration des soins ?

On lit très souvent que le problème majeur des silicones est qu’ils empêcheraient les soins hydratants et nourrissants de pénétrer (et donc d’agir) dans la fibre capillaire.

Attention à la source de l’information.

Forcément, une marque qui cherche à vendre ses produits « sans silicones » tiendra ce discours pour vous effrayer et vous inciter à utiliser exclusivement leur gamme. D’un autre côté, pas mal d’informations se répètent d’un site à l’autre, sans autres fondements. Et il n’existe pas vraiment d’études pour vérifier dans quelle mesure l’huile végétale peut, par exemple, pénétrer la barrière formée par les silicones.

Les silicones freinent-ils la pousse des cheveux ?

On put lire une autre théorie à propos des silicones :

« Il s’accumuleraient sur le cuir chevelu jusqu’à obstruer les pores. La glande sébacée étoufferait le follicule pileux et produirait une trop grande quantité de sébum (cheveux gras). La croissance du chevelu serait alors altérée. A terme, ils finiraient par tomber… »

Le scénario catastrophe !

Est-ce bien vrai ?

Pour éviter cela, il suffirait de ne pas utiliser de shampoing contenant des silicones. Et même dans ce cas, dans la mesure où vous ne le laissez pas poser, et où ces produits contiennent des sulfates, le silicone s’éliminerait en grande partie.

D’autre part, les masques capillaires ainsi que les après-shampoings ne sont pas conçus pour être appliqués au niveau des racines ! Ils sont destinés aux longueurs (à partir du cou, là où les cheveux commencent vraiment à s’abîmer à cause de l’usure). De fait, les silicones ne risquent pas d’obstruer les pores et d’empêcher une croissance normale de vos cheveux.

A ce sujet, vous trouverez d’autres preuves dans la vidéo réalisée par Abbey Yung. Aussi, la longueur des cheveux de Canadian Mane et bien d’autres blogueuses, montre qu’il est possible de concilier les deux…

Quand les « quats » remplacent les silicones

Depuis quelques années, beaucoup de marques affichent fièrement, sur l’emballage de leurs produits, la mention « silicone free » ou « sans silicones« . Elles s’adaptent à la demande des consommateurs mieux informés, qui ne souhaitent pas utiliser cet ingrédient -qui a mauvaise presse.

Or, les silicones sont fréquemment remplacés par une autre substance, les sels d’ammonium quaternaires. Leur petit surnom est les Quats. Ils sont repérables par le dénomination en -« quaternium« …

Les labels biologiques tels qu’Ecocert ou Cosmébio (plus exigeant) les autorisent. A quelques différences près, ils jouent le même rôle que les silicones : les cheveux se démêlent plus facilement, et prennent une apparence soyeuse.

Ainsi, je me suis aperçue que le Cetrimonium chloride figure notamment dans les produits de la marque Natessance, dont je croyais les compositions dépourvues d’agents chimiques. Je les utilise depuis longtemps, car je suis très satisfaite de leurs résultats !

Le BTMS, qui sert à lier la phase aqueuse à la phase huileuse dans les recettes d’après-shampoing ou de masques maison (à conserver), fait également partie de la famille. il serait néanmoins peu nocif et accepté par le label Cosmétobio, dont la charte semble plus rigoureuse.

Le vrai problème est que ces ingrédients ne sont pas écologiques. Ils ne sont pas biodégradables, et leur fabrication reste polluante. En outre, ils possèdent un fort potentiel irritant, voire allergène, pour la peau ainsi que les muqueuses.

Olaplex contient-il des silicones ?

Cet article ne serait pas complet si j’omettais de mentionner l’un des derniers produits phares du marché: Olaplex

La marque se targue d’avoir mis au point une « technologie » inédite (dont elle détient le brevet) afin de réparer profondément les cheveux cassés et abîmés par la décoloration. Aussi, ces produits s’adressent officiellement aux coiffeurs. Mais ils visent tout autant le consommateur, pour lui permettre de bénéficier des mêmes soins qu’en salon « à domicile » !

Par exemple, le masque capillaire n°3 promet, d’après leur site internet « 68 % de réparation supplémentaire et des cheveux 3x fois plus résistants ».

Tout le principe fonctionnerait grâce à la présence de son « ingrédient actif breveté », le bis-aminopropyl diglycol dimaleat. Pour mieux comprendre, j’ai concocté le schéma suivant :

olaplex silicones cheveux

Votre cheveu est comparable à une corde usée, qui ne tient plus qu’à un fil. La molécule bis-aminopropyl diglycol dimaleat restaurerait la liaison capillaire rompue ou le pont disulfure.

Pourtant, lorsqu’un cheveu est fourchu ou prêt à se casser, il n’existe aucun moyen (naturel ou chimique) de le réparer. Il est impossible de reconstruire la fibre capillaire. Alors que fait vraiment Olaplex ?

Si l’on étudie la composition du soin n°3, on trouve notamment (dans cet ordre) : du Dimethicone, du Behentrimonium Chloride, du Cetrimonium Bromide, du Quaternium-80, le fameux Bis-Aminopropyl Diglycol Dimaleate, et du Bis-Cetearyl Amodimethicone… soit 2 silicones, et 2 ammoniums quaternaires.

Ainsi, votre chevelure bénéficie des propriétés que nous avons détaillées plus haut ! C’est pour cela que vous observerez notamment moins de casse avec Olaplex. Mais les cheveux ne seront pas réparés en profondeur : nuance…

Mes cheveux sans silicones avant/après

Avant après Olaplex 3 (silicones)

En Mars 2022, je colorais de temps en temps mes cheveux au henné neutre (Cassia), et je réalisais des soins naturels (bain d’huile essentiellement). Mes longueurs étaient été éclaircies plusieurs fois en 2020. J’avais également fait plusieurs colorations d’oxydations, qui agissent comme une micro-décoloration, à cause de l’ammoniaque et du volume d’oxydant.

L’utilisation de silicones me semblait alors appropriée.

En Novembre 2022, j’ai obtenu le meilleur résultat avec Olaplex. Puis, mes cheveux se sont lentement ternis… ils ont perdu leur volume et leur brillance.

Les silicones m’ont aidé sur bien des points : ils se démêlaient très facilement et rapidement. Ils étaient plus lisses, et plus souples.

En revanche, ils n’ont absolument pas agit comme un soin réparateur : je me suis retrouvée avec des pointes de plus en plus fines et de nombreuses fourches.

Dans cet article, je vous donne en détail mon avis sur le traitement Olaplex 3, après des semaines d’utilisation. J’ai mise en ligne des photos après chaque soin, pour montrer l’évolution.

Que se passe-t-il lorsqu’on arrête les silicones ?

Lorsqu’elles découvrent l’univers des soins naturels et qu’elles remplacent leurs masques prêt-à-l’emploi par des matières premières biologiques, certaines personnes constatent que leurs cheveux semblent plus secs. Ou moins beaux (brillants, doux, soyeux).

Cela s’explique par le fait que les silicones ne réparent pas les cheveux. Ils masquent leur état véritable.

Ils s’éliminent progressivement grâce aux shampoings. Lorsque vous cessez leur utilisation pendant plusieurs semaines, votre fibre capillaire réapparaît « au naturel ».

C’est le moment de persévérer pour lui apporter tous les soins hydratants et nutritifs dont elle a besoin. Ils vont agir en profondeur pour améliorer la force, l’épaisseur et la densité de votre chevelure.

Le silicone apportait, quant à lui, une couche de vernis qui rendait (par conséquence) les cheveux doux, lisses et brillants en surface.

Les matières premières naturelles montrent la fibre capillaire à l’état brut, et agissent directement comme soin réparateur. L’aspect doux lisse et brillant reflète alors leur santé réelle.

Voici mes cheveux avant après l’utilisation de silicones, soit deux mois après avoir cessé le traitement Olaplex 3.

Dans quels cas utiliser des silicones ou des quats ?

En résumé, les mêmes effets hydratants et démêlants que les silicones peuvent être obtenus avec des matières premières naturelles :

  • pour le démêlage, la brillance et la force : les poudres ayurvédiques
  • pour le démêlage et l’hydratation : le gel d’aolé véra, la provitamine B5, les protéines de soie, la glycérine, le miel…
  • pour prolonger votre coloration : des poudres tinctoriales à incorporer à vos shampoings
  • pour déjaunir le blond : la cammomille, le jus de citron, le violet de gentiane (shampoing ou eau de rinçage)…

Vous aurez besoin d’acquérir des connaissances (via ce blog par exemple), de vous procurer les ingrédients naturels nécessaires, puis de préparer vos propres tambouilles… et d’y passer du temps, car la pose de certaines poudres peut durer trois heures, par exemple.

Avec un mode de vie moderne, où il faut souvent jongler entre le travail, les transports et la famille, les cosmétiques chimiques viennent surtout proposer une solution prête-à-l’emploi. Le silicone remplit à peu près ces fonctions en quelques minutes.

Ils peuvent donc vous convenir…

  • si vos cheveux sont décolorés ou colorés : les silicones aident à prolonger leur beauté, dans une certaine mesure, le temps que des soins plus nourrissants les régénèrent vraiment.
  • si vos cheveux sont de nature très fragile et sèche : les silicones vont réduire les nœuds, et donc la casse liée au démêlage.
  • si vous manquez de temps au quotidien et/ou que les utilisez pour dépanner occasionnellement, il faciliteront votre routine capillaire. Alterner l’utilisation d’ingrédients naturels, et de produits chimiques contenant des silicones vous permet de maintenir une fréquence d’utilisation modérée… et de gagner parfois du temps.

Enfin, je pense qu’ils sont totalement inutiles et peu souhaitables si :

… vos cheveux sont vierges (ou colorés au henné) : les silicones présentent peu d’intérêt.

… vous n’utilisez pas de tensioactifs, car vous n’enclencherez pas le processus d’élimination.

… votre routine est 100 % naturelle. Si vous utilisez des poudres ayurvédiques et des colorations végétales, elles gainent déjà le cheveu et apportent des soins extraordinaires…

En conclusion, ni diabolisée, ni idéalisée, leur utilisation doit être remise dans le contexte.

Je ne pense pas que les silicones soient aussi nocifs qu’on peut le lire sur certains sites. Ils répondent surtout à un besoin : ceux des cheveux qui ont subit des traitements chimiques (coloration ou décoloration). Pour ce faire, ils remplissent bien leur rôle. A vous de mesurer le ratio bénéfices – inconvénients pour déterminer la routine qui convient à vos cheveux et à votre emploi du temps.

Et vous, quelle est votre expérience avec les silicones ?

Les utilisez-vous régulièrement ? Pourquoi ?

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